Ce
film est d’une telle beauté qu’il m’est presque difficile de la définir. Quoiqu’il en soit, on ne peut qu’en ressortir bouleversé. Dans le film, on ne connait à aucun moment le nom des
personnages, je vais donc les appeller
William et
Charlotte. Il est divisé en 6 parties. Tout d’abord le prologue, puis
le deuil, la douleur, le désespoir, l’arrivée des trois mendiants et enfin l’épilogue. En noir et blanc et filmé dans un ralenti incroyablement lent, le prologue nous montre, alors que le couple
est en plein acte sexuel, le suicide de leur enfant. Et c’est incroyable de parvenir à filmer une chose aussi horrible de façon aussi magnifique. Quel talent de la part du réalisateur !
Mais ce début du film n’est rien comparé à l’esthétisme parfait de deux autres scènes sublimes du film. La première de ces deux scènes fait partie de l’imaginaire de
Charlotte. Elle dure assez longtemps, pour le plus grand bonheur de nos yeux émerveillés. Elle apparait lorsque
Charlotte
décrit son chemin vers le chalet, lorsqu’elle traverse la forêt, le pont, le terrier du renard, puis arrive près du chalet. Ces scènes sont filmées dans un ralenti des plus extrêmes, jamais de ma
vie je n’en ai vu de si lent ! En voici quelques images :
Ces scènes dans les bois sont frissonnantes, les couleurs de l’image sont sublimes pour ne pas dire époustouflantes, le ralenti donne une dimension terriblement mystique
et mystérieuse. Tout ceci sur une musique intrigante, calme et presque magique, accompagnée de la voix de
Charlotte. On est captivé et scotché à notre siège
devant cette scène d’une beauté à couper le souffle (et je n’ai pas peur de me répéter). J’avais déjà repéré ce passage dans la bande-annonce, dont vous pouvez voir un extrait très minime dans la
vidéo en bas de l’article à
0:27 à
0:35.
Une deuxième scène sublime intervient lorsqu’on aperçoit
William sous une pluie de glands. Scène toujours au ralenti, avec un
William Dafoe sublime de talent.
Mais ces scènes sont en opposition avec d’autres séquences qui sont, quant à elles, bien plus terrifiantes et malsaines. En plus d’être un thriller captivant et un drame
magnifique, le film est classé dans le genre épouvante-horreur et mérite sa place dans la catégorie. Certaines scènes sont frissonnantes de peur, tant le personnage de
Charlotte nous effraie par moments.
Ensuite, si le film est aussi mal reçu par les critiques, c’est parce qu’il est aussi très incompris. Pourtant tant de violence à l’écran ? Le réalisateur, en plus de
nous choquer, nous montre jusqu’où un être humain en pleine folie est capable d’aller. Cependant, le film traite d’un sujet très important et très intéressant : celui de notre rapport à l’autre.
Tout le film est basé sur cette idée, le fait que chaque homme et femme a besoin de quelqu’un sur qui s’appuyer pour pouvoir tenir debout. Il nous exprime cela par la difficulté qu’ont parfois
certains personnages du film à marcher ou à se lever. Je ne révèlerai pas ces indices ici, mais ils sont flagrants. Le film nous montre également à quel point nous pouvons avoir peur de
nous-mêmes.
Enfin, le film mérite d’être vu pour ses acteurs. Si
Charlotte Gainsbourg a reçu à
Cannes le Prix d’Interprétation Féminine, ce n’est vraiment pas pour rien. Elle est fascinante et débordante de talent dans la totalité des scènes, parfois terrifiante,
parfois touchante ou mystérieuse. Son rôle est exceptionnel et elle parvient à transmettre une sensation très étrange au spectateur.
William
Dafoe est également superbe dans le rôle de ce thérapeute amoureux de sa femme qui, armé d’une patience infinie, va tout faire pour l’aider.